samedi 16 janvier 2016

FRANCOFONIA

16ème séance avec débat







FRANCOFONIA
le Louvre sous l’Occupation
Film franco-allemand de Alexandre Sokourov 




VENDREDI 15 JANVIER (CINE DEBAT)
20H30

Partenariat : arts, artistes,...


Francofonia         « Hommage au Louvre »



     Vaste poème symphonique dans lequel Sokourov mène plusieurs projets vidéo et sonores simultanément tout en restant dans les coulisses en tant qu'artiste « en résidence ». Disposant d'une mallette d'outils cinématographiques complète et comme un enfant qui découvre son plus beau jouet de Noël, le réalisateur nous dévoile un kaléidoscope d'effets des plus sobres aux plus recherchés. On pourrait le lui reprocher si on n'accepte pas de rentrer au diapason de ses rythmes syncopés.

   Personnellement la potion m'a enchanté dès les premières images en sollicitant de ma part une vigilance de tout instant car le film est dense et exige en permanence de tricoter plusieurs trames distinctes et pourtant liées. Eloge de l'art, depuis une statue de 9000 ans  trouvée en Jordanie en passant par l'Assyrie nous tenons la main de ce jeune enfant émerveillé devant ces gigantesques bas-reliefs assyriens . Que reste-t-il de cet empire vieux de 2700 ans ? Justement ces taureaux ailés, quintessence de la génie de la main et de l'esprit de l'homme. Pour le réalisateur c'est clairement l'essentiel et c'est dans cette « immortalité » que réside le sacré.  


     PS     voir youtube   « Illustre et Inconnu » émission sur  Jacques Jaujard.


John








Le conseil de lecture d'Edwige 

Henri Troyat, Grimbosq

En 1721, l'architecte français Étienne Grimbosq quitte Paris en toute hâte. Pierre le Grand l'a chargé d'édifier à Saint-Pétersbourg le palais de son chambellan. Grimbosq, tout à la joie de la tâche à accomplir, est à mille lieues de pressentir le monde étrange et sauvage qui l'attend.

Saint-Pétersbourg... une ville naissante, où des façades à l'italienne dressent leurs portiques au-dessus de marécages, où des serfs peinent et meurent sur des chantiers noyés de brouillard. Pierre le Grand... un géant brutal, ivrogne, mais subtil politique, un tyran aux élans généreux.

Étienne Grimbosq et sa femme, la fragile Adrienne, vont se trouver bientôt pris dans un réseau d'intrigues de cour, contraints de participer à des fêtes extravagantes où leur amour risque de sombrer. Possédé par sa passion de construire, Grimbosq semble inconscient des dangers qui le guettent...





Le mien 


Andrei Biely, Petersbourg

 Après Kotik Letaev (1914), Pétersbourg, conçu comme le volet « urbain » de la trilogie, sera le chef-d'œuvre de Biély et l'un des grands romans européens du XXe siècle. Inspiré par les événements de 1905 à Saint−Pétersbourg, écrit entre 1910 et 1913 dans une fièvre qui confine au délire, alors que Biély sillonne l'Europe pour assister aux « conférences secrètes » dispensées par l'anthroposophe Rudolf Steiner, il porte la marque de cette naissance chaotique. Le livre est terminé en 1913. Publié en 1916, il sera remanié et refondu en 1922.
Pétersbourg raconte une histoire de terreur et de provocation politique : le sénateur Ableoukhov, petit vieillard cacochyme, parcourt, tel un vampire, les perspectives rectilignes de la ville dans son coupé laqué noir. Son fils Nicolas fréquente les cercles terroristes anarchistes de la capitale, et en particulier le militant Doudkine, avec qui il entretient une relation fascinée.

Encyclopædia Universalis


Dans les notes suivantes de Bakthine, ne pourrait-on trouver des rapprochements formels avec le film de Sokourov ?...


Dans Pétersbourg, le style de La Colombe d’argent est conservé, mais le narrateur est encore plus cancanier et encore plus confus. C’est pourquoi le roman est encore plus embrouillé, son intrigue n’est pas nette, les scènes introductives des héros sont interrompues, des personnages secondaires sont plus détaillés ; il n’y pas de mécanisme global liant tous les éléments. Pourtant, cela ne gâche pas l’œuvre, au contraire, cela renforce l’atmosphère dans laquelle les événements sont plongés. Le roman débute avec un prologue dans lequel Pétersbourg est représentée comme le plan d’une ville apparaissant de façon arbitraire, comme le symbole du schématisme administratif. Et ce schématisme de la culture russe, de la vie, de la pensée est le leitmotiv fondamental de tout le roman.





Pour le montage-collage, voir le ciné club de Caen


Le montage-collage :

Apparaît à la fin des années 50. Le principe est de laisser les plans voisiner, se heurter dans leurs formes. Le son jaillit avec l'image mais pas pour assurer la transition. Il y a juxtaposition de contenus, sans projet prédéterminé.
Dans le cinéma, Cassavetes, Godard ou Rozier sont les premiers à initialiser ce procédé, comme Mallarmé a pu le faire dans la littérature, ou les surréalistes dans la peinture avec le collage. Le télescopage des hasards est plus beau et plus censé que les plans réfléchis et prémédités.
En cinéma, il y a bien sûr eu aussi des précurseurs. Robert Bresson a élaboré une théorie du montage à partir du milieu des années 40, avec Le journal d'un curé de campagne. Il associe des réalités qui n'étaient pas destinées à l'être. En eux-mêmes, les plans n'ont pas d'intérêt, seul leur accolement leur donne du sens. Les images filmées au tournage doivent être les plus plates possible. En cela, Bresson est un précurseur radical du montage-collage. Puis, à la fin des années 50, d'autres cinéastes prennent le relais et donnent de l'importance au montage : Godard, Resnais, Bergman (même si chez lui les visages restent hermétiques, contrairement à ceux des personnages de Cassavetes).
Certains cinéastes des années 70 comme Martin Scorsese lui accordent ce même intérêt, tout en essayant de le réconcilier avec la narration classique. L'accent mis sur le montage est également caractéristique de l'école asiatique depuis une vingtaine d'années. On ne note pas assez souvent et fortement l'influence que Resnais a eu et conserve en matière de montage. Il suffit pourtant de regarder les films de Wong Kar-waï ou Gus Van Sant, par exemple, pour s'en persuader.
La correspondance de plans entre eux construit des unités sensibles, comme les listes chez les surréalistes, les séries de Monet (cathédrales), ou de Rohmer au cinéma. Ce sont des fragments sans articulation explicite, où les liens sont inouïs.
Wong Kar-waï, Hou Hsiao-hsien, Tsaï Min-liang (Kitano parfois) jouent du montage pour réordonner, sous le patronage de Resnais pour la liberté de construction.









Sans être comparable au siège de Leningrad de 1941 à 1944, celui de Paris, au cours de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, fut cependant particulièrement terrible et meurtrier. La résistance de Paris fut alors unanimement jugée comme héroïque : rien à voir avec la vision d’une « ville ouverte » (il doit avoir Rossellini en tête) qui est présentée par Alexandre Sokourov dans son film Francofonia.

Et c’est aussi la période où le Louvre fut le plus près de la destruction. Rappels.


La Commune a fait l’impossible pour préserver l’inestimable patrimoine parisien. Le Comité Central, dès le 25 mars, fait occuper le Louvre et les Tuileries. Pour les détruire, comme l’ont affirmé ceux qui les dépeignent comme des sauvages ivres ? Non : « dans le but de mettre à l’abri et de faire respecter les chefs-d’œuvre et les objets précieux qu’ils contiennent. » Dès le 12 avril, la Commission exécutive, donc Vaillant, donne au peintre Gustave Courbet un statut important, en en faisant le « président des peintres » ; elle le charge de « rétablir, dans le plus bref délai, les musées de la ville de Paris dans leur état normal,  d’ouvrir les galeries au public et d’y favoriser le travail qui s’y fait habituellement. » Avec l’Enseignement, donc doublement Vaillant, l’organigramme du Louvre était réorganisé.

On les a tellement décrits comme barbares, ces Communards et ces Versaillais aux prises, que je tiens, et certainement pas pour minimiser l’horreur de ces journées, à mentionner l’épisode suivant : alors qu’on parle volontiers de l’effrayant incendie des Tuileries, on devrait aussi savoir que le directeur du Louvre, Henri Barbet de Jouy, cet ami de Dalou en place à ce moment, ainsi que son personnel, lancent un appel désespéré à un officier versaillais, lequel dirigea aussitôt la mise en œuvre d’une prise d’eau dans l’escalier qui communiquait au Palais du Louvre, et sauva ainsi les précieuses collections. Il s’agit du commandant Martian de Bernardy de Sigoyer, et une plaque rappelle aujourd’hui son action : plaque légitime, même si on en appose plus vite et plus volontiers dans ce camp-là que dans l’autre. Quant aux précieuses Archives nationales auxquelles nous recourons tous si naturellement, elles furent tout simplement sauvées des flammes par l’initiative du communard Louis-Guillaume Debock, lieutenant de la Garde nationale et directeur à ce moment-là de l’Imprimerie nationale, qui était loin d’être un horrible iconoclaste.
Comme quoi il ne faut pas toujours désespérer.
Comme quoi, en effet, même aux pires moments, on peut trouver motif à ne pas trop désespérer des hommes.





Une histoire de filiation


Rabelais a fait connaître le fils avant le père. De même, Sokourov a fait connaître Lermitage avant le Louvre. Est-ce à dire que le plus récent est le plus riche et le plus élaboré des deux?... 






Fierté de Sokourov : pour lui la culture russe, fille de l’ancienne culture européenne, est la plus importante des jeunes cultures. Il la compare à la meilleure des filles du roi Lear : Cordelia. 



Bilans mitigés.

Une fois de plus, un partage entre optimistes et pessimistes. Sokourov éloigne pour son compte cette dernière impression: on a survécu, l'art a survécu, on est vivants : où est le pessimisme?...

D'une manière un peu plus exceptionnelle, reconnaissons que tout le monde n'a pas aimé le film. Si le côté riche et original en a stimulé plus d'un, d'autres, devant les mêmes éléments, s'en sont trouvés surtout passablement somnolents. 
Comptons pour anecdotique le fait que le projectionniste a été dérouté par l'absence de générique de fin (il était de façon atypique présenté au début du film). 





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