lundi 1 décembre 2014

Actu décembre 2014 Jaurès


CONFERENCE A L'AUBERGE DE JEUNESSE
    Café repaire 


Mardi 2 décembre  19h :  JAURES

 


Où est Jean Jaurès sur cette photo? Facile : c'est le Castrais barbu en canotier qui est à la droite... du Vierzonnais Edouard Vaillant en chapeau melon.


Délégation de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) au mur des Fédérés, Cimetière du Père Lachaise, mai 1913. 
Jaurès est assassiné l’année suivante, Vaillant meurt deux ans après. Eh oui, 
2015 sera l’année du centenaire pour l’illustre Vierzonnais !





Mardi 2 décembre sera le 1er mardi du mois, ce sera donc le jour de notre prochain café repaire.






Le thème en sera :



                                                         Que reste-t-il de JAURES
100 ans après son assassinat ?

      C'est Charles SILVESTRE,
auteur du livre "La victoire de Jaurès"(éditions du Privat, 2013), qui animera la conférence débat.





Charles Silvestre publie un ouvrage majeur, riche d'illustrations et de réflexions historiques précises au
coeur du débat politique actuel. Un hommage au tribun socialiste. Il fallait l'expérience du journalisme politique, tout comme la profonde connaissance de l'histoire de Charles Silvestre pour rentrer sur cette hypothétique victoire. Pari assurément réussi, qui part de la biographie personnelle de l'auteur, rendant le propos d'autant plus entraînant et attachant. Alors que bien d'autres livres consacrés à Jaurès répètent nombre d'aspects déjà bien connus, l'auteur met en scène des combats ultérieurs (la Résistance, la lutte contre la guerre d'Algérie, celles des Fralib, etc.) en miroir avec les propos et les espérances de Jaurès.


Il est journaliste, ancien rédacteur en chef de L'Humanité et secrétaire national de la société des Amis de L'Humanité.
"La Victoire de Jaurès" fait suite à son premier essai, "Jaurès, la passion du journaliste" (Le Temps des Cerises, 2010). Il est également l'auteur de "La Torture aux aveux" (Au Diable Vauvert, 2004) sur la guerre d'Algérie.


ATTENTION : Le café repaire commence maintenant à 19h

C'est toujours à l'Auberge de jeunesse de Vierzon, 1, place François Mitterrand.
En fin de séance, on partage toujours ce que chacun a pu apporter (boisson ou nourriture)
.
    Amicalement, pour le café repaire,
M-H Lasserre.

Depuis Bourges, Le mouvement de la Paix (Annie Frison) s'y associe et propose un co-voiturage.






La commémoration de l’assassinat de Jean Jaurès, le 31 juillet 1914, implique une reconnaissance de la lucidité de l’homme de combats qu’il fut, pour la République, la paix et la justice sociale, mais aussi la continuation de son héritage au présent.



On dit que Jaurès a été assassiné parce qu’il était pacifiste. C’est vrai. Mais le meurtre de Jaurès, quand Raoul Villain, le 31 juillet 1914, lui tire à bout portant, à Paris, par une des fenêtres du Café du Croissant, deux balles dans la tête, va plus loin que le premier coup de cymbale de la guerre.
En exécutant Jaurès, tout un vilain monde croit exécuter un monde en train de naître : un monde « réconcilié », comme le nommait lui-même le fondateur de l’Humanité, entre les individus, entre les classes, entre les nations, un monde d’harmonie avec la nature, d’harmonie des formes, un monde d’audace sociale et d’audace artistique indissolublement associées. 
31 JUILLET 1914, LE FONDATEUR DE L’HUMANITÉ EST ASSASSINÉ. 
CENT ANS APRÈS SA VOIX DÉRANGE TOUJOURS. 

Ce projet, nouveau pour cette époque, encore inouï aujourd’hui, est inscrit, mot pour mot, dans l’éditorial fondateur de l’Humanité. Le premier numéro, qui paraît le 18 avril 1904, invite les socialistes, tous les socialistes, à quelque tendance qu’ils appartiennent, à « réaliser l’humanité par des moyens d’humanité », à confronter leurs conceptions, le journal se réservant le droit de juger des méthodes « les plus efficaces », sans tomber dans « le venin des querelles », mais aussi à accueillir les communications ouvrières et la pensée des maîtres écrivains.
C’est cette « audace », cette « évolution révolutionnaire », comme il qualifie sa proposition de révolution sociale, ce monde futur que les oligarchies de l’argent, les cupides, les «maquignons de la patrie » ont cru pouvoir éliminer. Ils ont tiré sur le député socialiste des ouvriers de Carmaux. Ils ont tiré sur le défenseur fondamental du capitaine juif Dreyfus. Ils ont tiré sur un artisan majeur de la séparation des Églises et de l’État. Ils ont tiré sur la République.
Et ils ont encore tiré sur un Jaurès devenant, en fin de vie, comme un couronnement, universaliste. Cela faisait beaucoup pour « eux »... Cela fait beaucoup pour nous !

La guerre a été un règlement de comptes entre oligarchies qui se disputaient leurs possessions, leurs colonies et leurs zones d’influence, au début du XXe siècle, comme le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, véritable « paix des vainqueurs », en apportera la preuve.
Mais la guerre a été aussi un règlement de comptes entre ces oligarchies et les peuples qui cherchaient, difficilement, douloureusement, depuis la Commune de Paris de 1871, leur chemin vers plus de liberté, d’égalité, de justice.

Tantôt, il s’agissait d’empires, comme en Russie, en Autriche-Hongrie, en Allemagne, au Royaume-Uni, tantôt il s’agissait d’une République, comme en France, à la tête, cependant, d’un empire colonial.

Le besoin et le désir de justice sociale 
Mais, au-delà de ces enveloppes institutionnelles différentes, le besoin et le désir de justice sociale frappaient à la porte de tous les régimes, à Saint-Pétersbourg, à Vienne, à Berlin, à Londres, à Paris. On oublie trop souvent que les forces du renouveau, au printemps de 1914, étaient en pleine ascension. Le syndicalisme montait en puissance, particulièrement des deux côtés du Rhin. Les socialistes français, de Jaurès et Guesde [et Vaillant !],  avaient obtenu plus de députés que jamais, les socialistes allemands recueillaient, en 1912, les suffrages d’un électeur sur trois !

Pour un historien comme Henri Guillemin, qui ne mâchait pas ses mots, les guerres, à commencer par celle de 1914-1918, auront été des répliques aux révolutions qui, comme la célèbre taupe de Marx, creusaient leurs galeries… Jaurès avait lui-même devancé cette approche avec sa formule célèbre : « Toujours votre société violente et chaotique porte en elle la guerre comme la nuée dormante porte l’orage. » Ces intérêts sordides ont été recouverts par les passions, les hystéries nationalistes, dans lesquelles des Français, et non des moindres, se sont distingués.
Un éditorialiste de Paris-Midi, un journal qui compte à l’époque, écrit : « S’il se trouve un général qui commande à un caporal et à trois hommes de troupe de coller au mur Jaurès et de lui mettre le plomb qui lui manque dans la cervelle, croyez-vous qu’il faudra le regretter ? Non, et je l’y aiderai. » Maurras, le royaliste de l’Action française, appelle à tuer Jaurès, Charles Peguy, hélas, grand écrivain, ami du député de Carmaux, aussi.
Il y a eu une meute pour aboyer, il y a eu un personnage veule, borné, un « inachevé », un Raoul Villain, pour exécuter, dira-t-il, « le grand professeur de lâcheté ». Le pire sera dans l’acquittement du meurtrier, à l’issue de son procès, le 28 mars 1919, au nom de l’Union sacrée de la victoire qui devait, selon son avocat, « réconcilier tous les Français » et prendre la forme d’une « amnistie généreuse et générale ».
Drôle de victoire, amère victoire, de Poincaré, de Clemenceau, le Père la victoire, victoire qui se paiera cher par la violence du XXe siècle dont la guerre de 1914-1918 aura été, note l’historien Marc Ferro, la « matrice ». 

Jaurès a eu raison, sur toute la ligne, il faut que cela soit dit.
Aujourd’hui, il est courant de constater que la Grande Guerre a été un massacre (Apocalypse, la Première Guerre mondiale), qu’elle a eu comme motif « l’appât du gain et du pouvoir » (exposition « Entre les lignes et les tranchées »), qu’elle n’était pas « inévitable » (Les Somnambules, de Christopher Clark).
Donc Jaurès avait vu juste. Et si Jaurès a eu raison, sur toute la ligne, il faut que cela soit dit, jusqu’au plus haut niveau de l’État. Sinon, il sera, d’une certaine façon, encore trahi… C’est ainsi, en condamnant, une bonne fois pour toutes ce massacre, que l’on rendra hommage aux combattants de 14-18, à ceux venus de toutes les latitudes, aux Européens, aux Américains, aux Africains, aux Asiatiques, pour être jetés dans cette sanglante mêlée. Il faut, ce 31 juillet 2014, honorer le grand clairvoyant qui a fait ce journal.
Merci camarade Jaurès !
 Charles Silvestre



En France, les universités populaires naissent
dans le contexte de l’affaire Dreyfus. 

Face à la déraison que manifestent les idées antisémites, face aux passions qui se déchaînent alors, les universités populaires tentent d’apporter une réponse humaniste. Autre élément du contexte : les lois scolaires mises en place par Jules Ferry. Si celles-ci permettent dès lors un enseignement gratuit, elles ne touchent évidemment pas les adultes. Les universités populaires essaient donc dès l’origine de combler cette lacune en s’adressant à un public qui n’a pu bénéficier auparavant de « l’instruction publique ».


Complément programme :

Pour 2015, voici les dates à venir :
- 06 janvier : Anne Steiner, une histoire de l'anarchisme

- 3 février : Aurélien Bernier, le Front National face à la Gauche

- 3 mars : Michel Pinglaut, sur la Commune de Paris

- 7 avril : Panaït Istrati http://fr.wikipedia.org/wiki/Pana%C3%AFt_Istrati

- 5 mai : Henri Pena-Ruiz, sur la laïcité

- 2 juin : Jean-Marc Schiappa, sur la libre pensée http://www.fnlp.fr/
Notez aussi que le café repaire est partenaire de l'organisation du Forum Social Local qui aura lieu du 12 au 19 avril à Bourges et Vierzon.
Amicalement,
Céline








SUITE plus bas.

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Berry républicain 18 12 2014

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Berry républicain 18 12 2014



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L'UP soutient une représentation théâtrale

Madame, Monsieur,
Contactée par le théatre de la Girandole de Montreuil, l'Université populaire du pays de Vierzon a souscrit avec grand plaisir à son projet et vous transmet, ce jour, l'information suivante. Nous souhaitons à la compagnie de la Girandole tout le succès mérité.
Hugues Dallois
UP du pays de Vierzon
               


Madame, Monsieur,


Nous avons l’honneur de vous inviter à la représentation du spectacle le Récit d’un fracassé de guerre, de la Compagnie la Girandole :
Samedi 13 décembre 2014 à 17h30

salle Paul Langevin 

124 rue bis Félix Pyat 

à Vierzon






Cette représentation gratuite est proposée par le Théâtre de la Girandole de Montreuil, les services municipaux et les acteurs associatifs de Vierzon.


Nous prévoyons également de finir la représentation par un banquet.
A cet effet nous vous invitons à apporter de quoi boire et/ou manger, afin que cette rencontre se clôture sur un moment d'échange convivial.


Très cordialement,



Le Théâtre de la Girandole


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Pas question d'oublier Francis.

Berry républicain 8 12 2014











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 CONFERENCE SUR L'ASTRONOMIE A L'UNIVERSITE POPULAIRE

Bonjour,


Nous nous permettons de vous transmettre en pièce jointe l'information sur notre prochaine conférence astronomie, qui pourrait intéresser vos adhérents...

Si vous estimez que tel est le cas, merci de ce que vous pourrez faire en la diffusant auprès d'eux.

Cordialement,

 Le bureau de l'UP.





Accès : plan de Vierzon ci-dessus.


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Après le salon du livre de Vierzon

Berry républicain 15 12 2014




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Ce n'est pas une annonce, mais un prolongement du film Discount qui concerne non pas les prix, mais l'orthographe. Ce qui est le plis étonnant, c'est sans doute que le mot accueil soit correctement écrit. Hypothèse: une traduction automatique qui a particulièrement du mal avec les différentes graphies du son "é" en français?
(Pas de délation, disons simplement: une grande surface orléanaise en U...).

On casse les prix et l'orthographe. (Envoi JMB)





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JAURES suite et fin.

Quel rapport?


Berry républicain 2 décembre 2014


Celui-ci, bien sûr :




C'est la chanson qui a terminé la cérémonie pour la paix devant le monument aux morts 
du square Lucien Beaufrère le 11 novembre dernier. 





La soirée du 2 décembre au Café repaire





Marie-Hélène fait les présentations d'usage. 



J’étais vendredi dernier aux Bains douches de Lignières avec les Amis de la Commune pour préparer l’année 2015, et notamment la commémoration locale et nationale de l’année Vaillant, puisque c’est le centenaire de sa mort. A cet occasion, un comité Vaillant a été mis en place, avec les meilleurs spécialistes de la question, et nous attendons avec impatience, particulièrement à Vierzon, la concrétisation de leurs travaux.
Au cours de la discussion, arriva naturellement sur la table la question explosive du pacifisme et de l’Union sacrée, comme si on s’apprêtait imprudemment de jeter du sodium dans l’eau. Pour couper court aussitôt, Michel piqua une crise : « Surtout pas d’uchronie (piquant pour le créateur de Patouchard !), on ne fait pas parler les morts. Jaurès est mort le 31 juillet 1914, on ne peut rien dire après cela ! »

Bien sûr qu’il avait raison dans le contexte, mais dans l’absolu c’était un peu court et de généralisation hasardeuse. Comme je suis très bavard et que les réunions se terminent toujours trop tôt pour nos obligations et nos nécessités de base (se nourrir et dormir, par exemple), j’ai l’habitude de retour chez moi de prolonger pour moi-même le débat en notant quelques réflexion par écrit. Ce jour-là, entre autres, j’ai noté ceci :


Je sais bien qu’il ne faut pas faire parler les morts, que ce n’est ni de bonne santé intellectuelle ni de bonne discipline historique. Mais, cela étant dit, il importe aussitôt de clarifier les contours dans lesquels ce précepte aussi abstrait que salutaire s’inscrit dans la réalité.

- D’abord tenir compte des anticipations faites par les acteurs eux-mêmes (avant de mourir, Jaurès peut, comme aux échecs, prévoir le coup suivant et dire quelle serait alors son attitude).
- Ensuite quel est l’intérêt d’étudier la période si ce n’est que pour n’en tirer aucune leçon pour le présent ? S’interdire le moindre rapprochement serait suicidaire. Recherche érudite pour la recherche érudite. C’est évidemment le contraire de ce que fait en permanence, et c’est sa raison d’être militante, de l’association des Amis de la Commune. Si on fait entendre la parole de Jaurès et de tant d’autres lors des commémorations du 11 novembre, c’est que cela a un sens dans l’actualité brûlante de notre époque.
- Ces personnages sont-ils pour nous des morts qu’il faut laisser en terre, ou encore vivants et utiles ? Quand Michelet secouait la poussière des archives pour en ressortir les morts illustres qui s’y trouvaient enfouis et faire entendre de nouveau leurs voix puissantes aux oreilles de ses contemporains et de tous les contemporains à venir, et donc aussi des nôtres, c’était bien pour qu’ils parlent comme des êtres vivants parmi d’autres êtres vivants et pour les êtres vivants.

Et voilà que ce mardi Charles Silvestre fait exactement écho à ces propos. Il a commencé sa conférence par « Certes, il ne faut pas faire parler les morts ». Puis a expliqué pourquoi Jaurès était notre contemporain, qu’il avait tout prévu des événements futurs bien plus clairement que Nostradamus. C’est aussi le propos de son livre. 
Le « Père la Victoire », Clémenceau, est en quelque sorte un usurpateur, le véritable vainqueur devant l’histoire, car il avait la seule position saine qui tienne aux yeux de nos contemporains, c’est Jaurès. Paradoxe polémique qui peut bien sûr se discuter, mais qui n’est ni inintéressant ni dépourvu d’arguments.
D’ailleurs la salle a applaudi très chaleureusement, ce qui est amplement mérité tant la passion de Charles Silvestre est sincère et communicative.

Il n’est que trop facile de relever le travers d’une telle attitude, et le conférencier l’a souligné à plusieurs reprises comme pour s’en dédouaner. Bien sûr, a-t-il rappelé, il n’a pas tout inventé ni tout fait tout seul. Il y en avait d’autres… qu’il n’a pas nommés. La position pacifique, la consolidation des valeurs républicaines, la marche vers la laïcité lois 1905, l’unité du parti socialiste à la même époque,… c’est presque d’abord Jaurès seul, puis, après timide correction, Jaurès parmi d’autres. J’avais envie d’ajouter, parfois, Jaurès moins que d’autres, mais il ne fallait le faire que mentalement, ce n’eût pas été correct. Question de contexte et de courtoisie.
Parmi ces « autres », dont la présence-absence est considérable, ceux qui me connaissent devinent déjà que je place Edouard Vaillant. Je le place même résolument au premier rang.



Revenons sur quelques propos de la conférence. Verbatim.

Jaurès est le meilleur guide sur la guerre de 14-18. En un sens, il est le premier mort de la guerre.

Prémonitoire. Article de décembre 1912. On conviendra d’abord que la guerre est une folie. Puis on obligera à la faire. Puis on aura recours aux châtiments en cas de refus.

L’armée nouvelle, 1911. Prévoit une guerre longue, de masse, meurtrière. Totale.

Pour moi, le grand homme de la guerre 14-18, c’est Jaurès. Pas Clémenceau. J’ai bien conscience en disant cela que j’adopte une attitude polémique.

Jaurès d’origines paysannes. Connotation : harmonie de la nature, des classes, des nations.
[Il en est d’autres : conservateurs, les ruraux de la Commune massacreurs des ouvriers parisiens ne sont chronologiquement pas loin. Harmonie des classes : n’est-ce pas un peu loin des concepts marxistes de la lutte des classes ?]

Jaurès s’est déclaré collectiviste. Il a lu le Capital.
[Certes, mais cela ne va pas très loin, et tout ce qui le sépare de Marx est d’un bien autre poids. ]

D’ailleurs il est dans la ligne des socialistes utopiques français du XIXe siècle, comme Fourier.
[Voilà, tout est dit : ce n’est pas le même bord. Pour être honnête, Gracchus Babeuf a été cité, ce qui fait un peu moins éloigné.]

Carmaux, la métamorphose fondatrice. « Et c’est du côté des dirigés que se sont retrouvées les qualités dirigeantes. » La République sera sociale ou ne sera pas.
[Sans doute le grand temps fort de la conférence. Et quand cette remarque a-elle trouvé son illustration éclatante pour la première fois ? Pendant la Commune de Paris, quand tout était fait pour désorganiser la capitale, et que des hommes qui n’étaient pas préparés à cela ont accompli un travail remarquable pour assurer la continuité, et même le progrès, des institutions.]

Depuis que Gambetta proclame la République au balcon de l’Hôtel de Ville [Il avait auparavant proclamé la déchéance de la dynastie impériale au Palais Bourbon], on a affaire à une  IIIe République qui est une République en mouvement constant, appuyée sur la montée en puissance de la classe ouvrière. Où sont ces deux éléments de nos jours ?…
[N’occultons surtout  pas la complexité et l’ambiguïté de ces origine, avant de pouvoir dire comme Jaurès avec quelque crédibilité : « La République sera sociale ou elle ne sera pas. » Sans parler des ambiguïtés du développement futur. Après sa proclamation, Gambetta est vite éjecté comme obstacle fâcheux avec sa guerre à outrance par les Jules au pouvoir (dont Jules Ferry) qui ne voulaient que capituler et d’abord châtier le prolétariat qui combattait encore, potentiel ennemi de l’intérieur et première cible. Plutôt Prussien que rouge. Relisez Maupassant : éclairante concordance des temps, là aussi.]

Jaurès homme de culture.
[C’est indéniable, et bien des rapprochements s’imposent immédiatement à l’esprit. }

Pour lui, un homme en vaut un autre quelle que soit sa position sociale. Anecdote de l’enfant qui se fait obéir de vaches plus grosses que lui : Oui, mais c’est un petit homme. Chaque homme est représentatif, c’est profondément vrai pour Jaurès, de toute la condition humaine.
[Les Lumières, bien sûr, mais aussi la Renaissance et c’est comme un écho de Montaigne, avec un but premier assez différent il est vrai, mais aux conséquences semblables : « Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition. » On n’a pas mieux dit depuis.]

Il change d’avis, dans l’affaire Dreyfus, en entendant des témoignages qui le bouleversent (Lucien Herr, Emile Zola,…) et en suivant minutieusement le fil des événements depuis le début.
[C’est Jaurès en Voltaire, dans un très bon remake de l’affaire Calas.]

Il combat pour la laïcité.
[Comme Victor Hugo avant lui, dans ses duels fameux avec le comte Alfred de  Falloux.]

La loi de séparation vient des Lumières et de la Révolution.
[C’est un avis que je partage. Diderot est ici au premier rang. Ce qui fait une différence avec le précédent conférencier qui est intervenu sur 1789 et Robespierre, qui trouvait impossible, inopérante et anachronique une telle filiation.
Voir sur le blog (23 février 2014, « Transition 1789 ») : http://cinegraphe.blogspot.fr/2014/02/transition_23.html
Et sur les causes économiques et financières : (27 avril 2014, « Actu avril 2014 Synarchie » : http://cinegraphe.blogspot.fr/2014/04/actu-avril-2014.html ].

Et puis, comme il fallait finir, un rendez-vous a été pris au moins formellement. Et j’ai pris rendez-vous bien sûr sur les questions qui fâchent et qui ont été occultées malgré leur importance fondamentale. Le ministérialisme par exemple. Et là aussi, j’ai rappelé l’existence de Vaillant né à une poignée de kilomètres du lieu de la conférence. C’est le grand occulté qu’il faudra bien remettre un jour dans la pleine lumière qu’il mérite, et l’année 2015 est l’occasion ou jamais de le faire, il ne faudra surtout pas la manquer. Vaillant donc,  dont je préfère le positionnement. Mais cela, bien sûr, va sans dire !












"Pour E..."
  
Ce n'est pas vraiment indiscret de ne lire par-dessus l'épaule que jusque-là.




Prolongements, le soir même (encore!).



Témoignage d'André Barre : souvenirs étonnants de la maison de Vaillant devenu lieu religieux (baptêmes, communions, enterrements) appartenant au Diocèse.



Ce n’étais pas Ciné-Rencontres mais presque, tant on y retrouvait un grand nombre d’habitués : cette porosité-là me plaît. Une rencontre imprévue toutefois m’a agréablement occupé une bonne partie de la soirée au moment du pot. Un des frères Carré devenu Mulhousien et retrouvant ses racines. On a évoqué l’enfance, le frère Christian qui nous avait fait découvrir les enregistrements de Brel à la Maison de la culture de Bourges à l’occasion de notre soirée Brel, et tout cela nous a amenés à parler des « marches » (zones de contact) de la France pendant les guerres. Certes, le nord est, l’Alsace, la Lorraine et ses environs. sont en première ligne.  Mais aussi Vierzon, dont la position centrale ne doit pas masquer son statut, depuis le moyen âge, de ville « frontière », voire de ville coupée en deux. En 1870, après avoir franchi la Loire (pour évoquer le livre d’Alain Rafesthain), les uhlans prussiens s’arrêtèrent au pont de Chaillot avant d’obliquer vers Bourges. Et c’est bien là que tout a commencé, les brutalités, les haines, les exactions, les viols, les massacres d’otages, les méthodes dignes des bourreaux de la seconde guerre mondiale parfois illustrées par des officiers français ayant pignon sur rue dans les gouvernements républicains de la fin du XIXe siècle, notamment l’ultra-sinistre général Galliffet.

Le point de départ serait la volonté, notamment de Clémenceau, de mettre l’Allemagne à genoux ? Mais la France à genoux, c’était avant. D’où le commencement de l’idée de revanche. D’où le déclenchement de l’engrenage fatal. La victoire allemande au XIXe siècle était grosse de ses débâcles désastreuses au XXe siècle. Je ne peux mieux faire ici que de citer les derniers mots du livre référence de Michael Howard (The franco-prussian War 1870-1871, London and New-York, 1961) :


It has been left to a German historian of our own generation, writing nearly a century later, to see the full significance of the struggle: how during its course there emerged for the fist time “that sinister problem of modem national War, from which the great catastrophes of our epoch have developed, and on which we have foundered twice in succession”.1 It is this which makes the Franco-Prussian War an event of importance far transcending the specialist field of the military historian, or even the historian of nineteenth-century Europe. Germany's magnificent and well-deserved Victory was, in profound and unforeseeable sense, a disaster : for herself. and for the entire world.

1 Gerhard Ritter, Staatskunt und Kriegshandwerks I 329.



Eléments pour un débat 

(Petits meurtres entre amis)


La question du ministérialisme


Une définition
Participation d’un parti politique se réclamant du mouvement ouvrier à un gouvernement qu’il considère comme bourgeois.
La première grande crise de l’Internationale était née de la question du « ministérialisme » posée par l’entrée, en France, du socialiste Millerand, en 1900, dans un gouvernement bourgeois. — (Henry Halphen, “Comment l’opportunisme a submergé la social-démocratie allemande”, Informations ouvrières, nº 311 (2704), semaine du 24 au 30 juillet 2014, p. IV).

C’est donc une question importante, qui agite en  profondeur le mouvement socialiste européen au tournant du siècle.

La querelle Jaurès – Vaillant


Il faut bien commencer. Pourquoi pas par cette lettre de Jaurès à Georg von Vollmar (socialiste allemand).

Lettre de Jaurès à Vollmar


 Paris, le 23 octobre [1900]

Cher camarade Vollmar,

Vous pouvez affirmer de la façon la plus catégorique que Millerand a consulté le groupe socialiste de la Chambre. Aucun compte rendu de la séance du groupe n’a été publié : mais personne en France n’oserait contester le fait : et je ne puis comprendre comment Kautsky a pu commettre une erreur pareille.

Moi-même, personnellement, j’avisai aussitôt le citoyen Dubreuil (du Parti socialiste révolutionnaire), et le citoyen Farjat (du Parti ouvrier français), en les priant de transmettre d’urgence cet avis à leur organisation : et comme dès ce moment il était question de Galliffet, non pas comme ministre de la Guerre, mais comme chef de cabinet d’un ministre de la Guerre civil, je mentionnai expressément ce détail pour qu’il n’y eut aucune surprise.

Aucun socialiste, aucun ne lui conseilla de refuser. Vaillant et Sembat, ami de Vaillant, lui exprimèrent toutes leurs sympathies et lui dirent qu’ils le suivraient de tout cœur dans ce nouveau combat. Ils ajoutèrent qu’il valait mieux dans l’intérêt du parti qu’il n’y eût aucune décision officielle, mais que leur concours le plus bienveillant lui était assuré. Cadenat, député de Marseille (et alors membre du Parti ouvrier français), déclara alors que le groupe socialiste manquait de courage.
[Cadenat voulait que le parti soit tout entier derrière Millerand, et trouvait que Vaillant faisait bien des histoires en osant s’y opposer].



L’article de Vollmar


Le socialiste allemand Vollmar écrit dans les Sozialistische Monatshefte (Cahiers socialistes mensuels) que, après les déclarations de Millerand devant le groupe parlementaire socialiste, «aucun député socialiste ne conseilla à Millerand de refuser ».



La réaction de Vaillant :  Lettre au Mouvement socialiste (au « citoyen Lagardelle »)




Paris, 28 janvier [1901].

Cher citoyen rédacteur,

A l’instant seulement, je lis, dans Le Mouvement socialiste du 1er janvier, la traduction d’un article de Vollmar : « A propos du cas Millerand » publié par les Sozialistische Monatshefte. C’est avec stupéfaction que j’y lis ce qu’il dit de moi et de l’attitude du groupe socialiste. Je ne supposais pas que de telles inventions, contraires non seulement å la vérité, mais même au bon sens et à des faits certains, connus, pussent être imaginées. Les paroles qui me sont prêtées sont autant de faux. Mais je ne discute pas de telles assertions; je me contente de leur opposer un démenti formel. Je leur oppose aussi le récit suivant que j’ai fait bien des fois publiquement, de vive voix et par écrit, que j’ai rappelé au congrès de 1900, que j'ai envoyé à la citoyenne Rosa Luxemburg qui l’a publié dans la Neue Zeit.

Divers socialistes ministériels ont écrit et affirmé que Millerand avait avisé ou cherché à avertir le groupe socialiste et les députés socialistes des offres qui lui avaient été faites de participer à une combinaison ministérielle. C’est faux.

Aucun des présents, ni Millerand, ni aucun autre membre du groupe socialiste, ne prononça le nom de Galliffet, ne parla d'une combinaison où Galliffet participât.
Ce n’est que le lendemain jeudi, à trois heures, que je fus avisé par un ami que, depuis la veille, un ministère Waldeck-Rousseau-Millerand-Galliffet avait été décidé, était maintenant constitué. J’envoyai aussitôt à Millerand une carte- télégramme lui disant que je n’y pouvais croire, que je le priais de revenir sur sa décision qui effaçait même tout ce qui avait été dit au groupe socialiste, que son entrée dans une combinaison où était Galliffet était une impossibilité morale, etc. Je ne reçus la réponse télégraphique de Millerand que le lendemain matin vendredi, en même temps que les journaux publiant les noms des nouveaux ministres du ministère constitué la veille par Waldeck-Rousseau-Millerand-Galliffet.


Lettre de Jaurès à Vollmar


Paris, le 15 février [1901]

Cher citoyen Volmar,

Or, admettons sur tous les points l’exactitude des souvenirs de Vaillant : il reste vrai, il reste indiscutable que nul n’a proposé au groupe ce jour-là de formuler contre toute participation d’un socialiste au pouvoir bourgeois une décision de principe. Ceux qui comme Vaillant ont dit à Millerand qu’il ne pouvait être ministre que sur sa responsabilité personnelle n’ont pas annoncé le moins du monde l’intention de protester. La lettre que Vaillant a écrite à Millerand le lendemain et que vous trouverez ci-incluse est décisive pour tout homme de bonne foi. Il en résulte avec évidence que ce n’est pas au nom de la lutte de classe que Vaillant protestait : c’est uniquement la présence de Galliffet qui le scandalisait et il est clair que Galliffet écarté, Vaillant n’avait plus aucune objection de principe contre la combinaison. C’est plus tard que les raisons de principe ont été imaginées.

Il est clair jusqu’à l’extrême évidence que Vaillant et ses amis, sans engager la responsabilité officielle du parti socialiste, auraient assisté avec un silence bienveillant et sympathique à l’expérience de Millerand s’il n’y avait pas eu Galliffet.
Et au point de vue de la tactique générale du parti, c’est cela qui importe.


Lettre de Jaurès au Mouvement socialiste


Jaurès répondit à la lettre de Vaillant en écrivant le 7 avril 1901 au même Mouvement socialiste. Jaurès ne prétend pas que

...Vaillant a formellement approuvé, le mercredi 21, l’entrée éventuelle d'un socialiste dans un ministère. Mais il est bien clair que, du moins, il n'avait pas fait une déclaration de guerre. Il est bien clair que tout en dégageant la responsabilité collective du parti, il n’avait marqué ni colère, ni répulsion contre une combinaison qui appelait un socialiste au pouvoir. Ce n'est donc pas une question de principe, c'est l’émotion toute naturelle et toute légitime, provoquée en lui par l’avènement du général de Galliffet, qui a déterminé la manifestation violente du citoyen Vaillant.

 [Lettre publiée dans Le Mouvement socialiste le 15 avril 1901].


Lettre de Vaillant au Mouvement socialiste



[Vaillant réfuta cette interprétation de son attitude par une seconde lettre, du 25 avril 1901, au Mouvement socialiste.]


Paris, le 25 avril [1901].

Cher citoyen Lagardelle,

Le citoyen Jaurès me répond. Il admet que j’ai fait à la participation de Millerand au ministère les réserves nécessaires, mais, suivant lui, personnelles, alors que ce n’était pas pour moi, mais pour le parti, que je les faisais et dans des conditions qui les rendaient, pour le moment, suffisantes. Il n’a su qu”indirectement ce qui s'était passé ã la Chambre; il n’est donc pas étonnant que son exposé et ses conclusions manquent d’exactitude.
Ce que j'ai raconté, ce qui est attesté par tous les députés du PSR, de l'AC et du POF, dont une partie assistait à la réunion du groupe parlementaire, la veille de la constitution du ministère n'est pas contesté, n’est pas contestable. C'est l’essentiel.



Il importe de se remettre en mémoire la pensée de la plupart des socialistes à cette époque. Bien peu pouvaient être étonnés de l’entrée de Millerand dans un ministère. La plupart étaient depuis longtemps convaincus qu’il guettait une occasion ministérielle.

Le ministère était en effet constitué. Millerand me répondait le soir même, par un télégramme écrit au sortir du premier conseil des ministres, que l’avenir le jugerait.
Dans mon télégramme à Millerand, je disais  - ce qui a été souligné par Jaurès - que ce qui avait été dit au groupe socialiste était effacé par son association avec Galliffet, l’assassin des Communeux, si par malheur elle se réalisait. J’entendais par là que non seulement ainsi s”effaçaient les paroles de sympathie personnelle, mais que surtout je ne considérais plus comme suffisante une déclaration qui dégageât le parti, qu’il fallait en outre et nécessairement une protestation, qui, vu les circonstances, ne pouvait être trop éclatante. C'est l'application logique, nécessaire, de faits qui suivirent.
Voilà pourquoi le lendemain matin vendredi, quand je reçus le télégramme de Millerand et en même temps les journaux qui donnaient la liste des nouveaux ministres, je courus chez les élus du PSR et de FAC, et dès le matin même nous publiions une protestation qui annonçait que nous nous séparions du groupe socialiste et formions un groupe socialiste révolutionnaire distinct.
Certains que le groupe parlementaire ne nous suivrait pas dans cette voie, nous n’avions pas cru pouvoir donner plus de valeur et d'éclat à notre protestation qu'en nous séparant de lui. Je ne rencontrai que l'après-midi les élus du POF. Ils prenaient une décision semblable et se constituaient en fraction séparée.
A sa séance, le mardi suivant, le CRC nous approuvait et lançait sa première protestation à laquelle répondaient, par des protestations semblables, tous les groupes du PSR et de l'AC. A la Chambre, le ministre était accueilli par nous aux cris de : Vive la Commune! et à la tribune, je protestais avec Zévaès contre la présence sur les bancs du gouvernement de l’égorgeur de Paris socialiste et ouvrier.
Il est certain que la présence de Galliffet au ministère, l’horreur qu'elle nous causait, l’acceptation d'un tel voisinage par un homme qui, quelques heures auparavant, était encore membre du groupe parlementaire et du Parti socialiste, étaient les motifs de ces protestations immédiates et véhémentes. Il n'en restait pas moins qu’après comme avant, nous considérions qu’en dehors de toutes ces questions d’ordre personnel, il était de devoir étroit pour nous, de nécessité première pour le Parti, de nous dégager de toute participation gouvernementale, ministérielle, impossible sous le régime actuel.


C’est contre ce ministérialisme, cette déviation si périlleuse du socialisme, que de nouvelles déclarations et protestations devenaient nécessaires et que le Parti socialiste révolutionnaire, avec le Parti ouvrier français et l’Alliance communiste, publia son manifeste de défense, de salut et d’honneur socialistes. C'est pour la même raison que nous avons applaudi de tout coeur et avec une joie reconnaissante aux admirables articles de Rosa Luxemburg, dans la Neue Zeit. Quoi qu'on dise et fasse, par les contradictions mêmes, la vérité s'affirme. J’ai cherché, ici aussi, à l’exprimer exactement en répétant, quelque peu, en expliquant davantage et en maintenant ce qu’antérieurement j’avais écrit et dit au même propos.


[Charles Silvestre a mentionné Rosa Luxemburg dans sa conférence comme une révolutionnaire exemplaire massacrée honteusement par un gouvernement traître à son peuple. Mais qui donc, ici comme ailleurs, est le plus près de Rosa Luxemburg : Jaurès ou Vaillant ? ]



 La morale et la politique
Résumons, en grossissant le trait :
Peu importe Galliffet, vient de dire Jaurès. Ce qui importe, c'est la tactique générale du parti. 
Dans une autre querelle (celle des "fiches") qui fera tomber le ministère Combes en 1905,  Péguy,  l'homme qui opposait la mystique et la politique. dira :« Je suis l’adversaire le plus résolu de son ministérialisme. »  Ce qui est sûr, c'est qu'il n'est pas le seul prétendant. 





Leurs 
infiniment plus nombreuses 
positions convergentes

Ils sont coude à coude idéologiquement et métaphoriquement comme ils le sont physiquement sur la photo. Ce sont bien deux militants d’un même combat.

Pour grandes que paraissent les vagues, elles ne peuvent faire oublier l’immensité profonde et massive de l’océan qui les porte. C’est dans ces mêmes proportions qu’il faut comprendre les désaccords et les similitudes de pensée entre Jaurès et Vaillant. Aucune recherche légitime des nuances qui les séparent ne parviendra à occulter le fait qu’ils sont du même camp et qu’ils défendent les mêmes couleurs. Les citations où ils diffèrent seraient en nombre infime face au grand nombre de celles où tous les deux ils s’accordent.

Contentons-nous de donner un exemple inspiré par l’actualité.
Ce matin (12 décembre 2014, sur France Info, j’ai entendu Marisol Touraine,  ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des Femmes, interviewée par un journaliste qui lui suggérait que les actions de charité hors étatiques, individuelles ou collectives, étaient peut-être le signe d’une carence de l’Etat républicain qui devrait avoir d’autres idéaux et surtout une autre efficacité. Elle a répondu avec une grande fermeté que pour sa part elle n’opposait pas l’action de l’Etat qui est considérable et les actions des citoyens qui s’investissent bénévolement et qu’elle a qualifiées d’actions de solidarité. La solidarité, c’est une lutte collective contre un Etat hostile, une dictature par exemple, ou lors d’une catastrophe qui submerge les institutions normales, une catastrophe naturelle hors norme par exemple. Rien de tel normalement ici, à moins de considérer l’économie dérégulée comme une catastrophe naturelle contre laquelle on ne peut lutter. Dans ce cadre, ce que font tous ces gens dont parle la ministre, c’est de la charité.
On ne peut s’empêcher de se souvenir aussi qu’en lançant les Restos du Cœur en 1985 Coluche a déclaré que, s’ils existaient encore dix ans plus tard, ce serait le signe d’un grave échec et une honte pour la société.

Si la ministre se refuse d’opposer, Jaurès, alors que le gouvernement à laquelle elle appartient s'en réclame constamment, oppose lui radicalement.


Les hommes n’ont pas besoin de la charité, qui est une forme de l’oppression ; ils ont besoin de la justice.



Quant à Vaillant, on m’a même demandé après la conférence s’il existait des écrits de lui, tant il est méconnu dans sa propre ville natale. Il en a laissé, en effet, et pour les citations suivantes, point n’est besoin d’exemples précis tirés de l’actualité. Le quotidien global actuel y pourvoit suffisamment.



Aujourd’hui comme autrefois, la majorité des hommes est condamnée à travailler pour l'entretien de la jouissance d'un petit nombre de surveillants et de maîtres.

Les antécédents historiques, l’inintelligence, l’incapacité, l'égoïsme féroce de la bourgeoisie semblent indiquer que plutôt que d'abdiquer, elle aura recours à tous les attentats et aux dernières violences, au moment où elle sentira lui échapper ses privilèges et son pouvoir politique.

Au lieu de nous abstraire de la réalité sociale vivante, il faut y entrer activement.

Il n'y a que quand on est battu qu’on évacue le champ d'action… Ce n'est pas pour cela qu'est constitué le Parti socialiste réduit alors, en ce cas, à n'être que l’agent recruteur électoral de ses candidats et de ses élus.








LA POLITIQUE MORALE DE JAURES


VINCENT DUCLERT

Jean Jaurès, une politique morale


ROBERT LINDET
JEUDI, 3 OCTOBRE, 2013



Jaurès 1859-1914.  La politique et la légende,  de Vincent Duclert. 
Éditions Autrement, 2013, 288 pages, 21 euros.


Avec le soutien de la Fondation Jean-Jaurès 
et du Centre national et musée de Castres. À l’approche de ce qui devrait être une fructueuse année jaurésienne, l’historien Vincent Duclert publie un essai vif et enlevé intitulé Jaurès, la politique et la légende. Son livre ressemble et se différencie à la fois de la Victoire de Jaurès que vient de faire paraître le journaliste Charles Silvestre chez Privat. Tous deux réfléchissent sur la force des imaginaires, sur la présence de Jaurès dans l’histoire après l’assassinat du 31 juillet 1914. Chacun à sa manière, ils évoquent un Jaurès porteur de fraternité, ferment de révolte et de réalisation, appel à la lucidité et au courage, l’homme de « l’évolution révolutionnaire », dont la vie et la pensée sont plus que jamais d’actualité, comme le montre la récente anthologie éditée par l’Humanité. En historien, Vincent Duclert décrit le passage d’un âge légendaire à l’écriture de l’histoire aujourd’hui. En jaurésien, il sait que les deux s’interpénètrent et c’est cette tension entre histoire et politique qu’il entreprend d’interroger… Il revisite ainsi un siècle d’usages divers de la figure de Jaurès, en livres, citations, évocations, images ou cérémonies, avant de brosser un rapide portrait biographique. L’auteur prend à bras-le-corps Jaurès, d’hier à aujourd’hui, suscitant réflexion ou débat, débouchant sur une politique morale émancipatrice par les exigences posées. Il poursuit la grande tradition d’un « libéralisme » de gauche, au sens anglo-saxon du terme, déjà incarné par Élie Halévy ou Pierre Mendès France ou, de manière nettement plus radicale, par l’historien américain Harvey Goldberg. Vincent Duclert se montre fort critique à l’égard de la tradition socialiste institutionnelle, ses errements politiques, voire ses crimes coloniaux. Il l’est au moins autant pour la tradition communiste, et notamment la révolution soviétique. Pour ma part, il ne me semble pas que ce soit l’emploi de la force qui aurait le plus posé problème à Jaurès, héritier passionné de la Révolution française, compréhensif envers les aléas des mouvements révolutionnaires. En revanche, c’est la question de la démocratie en son sein, l’absence de « partis », d’orientations alternatives et de choix, qui auraient soulevé les plus fortes objections de principe, sans qu’il soit besoin d’évoquer les massacres de la période stalinienne. Jaurès l’explique de manière assez prémonitoire dans une de ses conférences d’Argentine en 1911 : « Là où (…) il n’y a pas face à ceux qui gouvernent d’opposition saine, directe, et déclarée, on court le risque que les oligarchies se substituent à la classe même au nom de laquelle elles gouvernent. »



Berry républicain 4 12 2014







Ceux qui souhaitent en connaître davantage sur Vaillant peuvent recourir à ce blog destiné à célébrer l'année du centenaire de son décès.

http://vaillantitude.blogspot.fr/









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LES STATS DU MOIS DERNIER
(3 novembre - 3 décembre)










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